Saison 2023-2024

Une voix errante infiltre le corps d’une femme noire. S’amorce alors un dialogue poignant sur les limites de la liberté. Théâtre-récit percutant, la pièce écrite par la Brésilienne Grace Passô, artiste incontournable de sa génération maintes fois récompensée, lève le voile sur l’inadmissible.

Devant ses dernier·ères client·es, Le Magasin performe la plus belle de ses danses, son chant du cygne. Ce spectacle de la scénographe chevronnée Odile Gamache est nourri par sa fascination pour les commerces désolés, mais au potentiel poétique extraordinaire. Elle transforme sous nos yeux des objets banals en un ballet hypnotique.

📍 Théâtre de Verdure
D’Aimé Césaire à Martin Luther King, en passant par Dany Laferrière, Tintin au Congo ou encore Lance et compte, des voix s’élèvent, se superposent. Des extraits d’œuvres marquantes résonnent dans une succession de tableaux, sur une scène qui devient tour à tour terrain de jeu, arène et agora. Le jazz de Nina Simone rencontre les berceuses haïtiennes. La logorrhée d’Othello côtoie les monologues des films de Spike Lee. Tout y passe : clichés, folklore, préjugés, textes fondateurs et scènes emblématiques. À la fois happening, célébration et plaidoyer, Cabaret Noir est conçu comme un pont vers l’autre, en réponse à des années d’assujettissement et de silence collectif.

La matière : une entrevue du philosophe et économiste Alain Deneault au sujet de l’évasion fiscale, accordée à l’animatrice Marie-France Bazzo sur les ondes de Radio-Canada. Alix Dufresne et Marc Béland ont transformé ce pamphlet radiophonique en une performance puissante et virtuose, en guise de protestation à une gigantesque escroquerie légalisée.

Tout commence avec une question : comment dit-on « colonisation » en arabe? Prenant conscience de l’importance des mots, l’artiste belge Salim Djaferi creuse l’épineuse question de la colonisation française en Algérie avec talent, humour et ingéniosité. Koulounisation est présenté en première nord-américaine après un passage remarqué au Festival Off Avignon.

Le chorégraphe émérite Paul-André Fortier signe avec Les Arcanes une toute première mise en scène pour le théâtre. Cette œuvre poétique et narrative, au croisement de la danse et du théâtre, nous entraîne dans les méandres de la mémoire et propose une réflexion sur la transmission.

Inspiré d’un fait divers, ce récit propose une plongée vertigineuse dans la psyché d’un garçon qui cherche à combler son besoin insatiable d’exister en posant un geste innommable. Le texte tente de comprendre ce que cet événement révèle sur nous et sonde, par le fait même, les enjeux identitaires métamorphosés par la révolution numérique.

S’inspirant de l’héroïne grecque, le dramaturge et scénariste gallois Gary Owen dépeint une Iphigénie contemporaine, combative et révoltée. Portée ici par cinq voix, la figure mythologique permet de s’interroger sur le sacrifice de la jeunesse, des femmes et des pauvres dans nos sociétés, au profit des ultra-riches.

Entre New York et Berlin, quatre jeunes adultes se gavent de sexe, de drogue et de repas végétaliens. En quête d’absolu, ces trentenaires entrent en dialogue avec l’univers, un serpent et un dauphin. Le spectacle est présenté en reprise après avoir remporté un vif succès public et critique au printemps dernier.

Trois conférencier·ères digressent allègrement, troublé·es par une chaise laissée vacante par une quatrième personne. Son absence est inexplicable. Le malaise s’installe, les non-dits se multiplient. Flirtant avec l’absurde, cette comédie d’Amélie Dallaire ouvre la porte sur son univers formidablement décalé.

Dans un futur éloigné, l’humanité s’est réfugiée dans des cités sous-marines. Elle y a renoué avec les plaisirs de l’esprit et de la chair. Dans ce monde stupéfiant, Momo est une esthéticienne prisée, la seule à offrir de prodigieuses et mystérieuses membranes invisibles qui protègent la peau et magnifient l’existence.

Afin de prendre soin de leur mère vieillissante, deux sœurs invitent un robot humanoïde dans le foyer familial. Or, le soulagement initial s’avère de courte durée. La pièce creuse avec finesse et humour la question des relations entre humains et machines, et explore les limites de l’intelligence artificielle.

Catherine Vidal dirige une formidable distribution dans cette œuvre monumentale d’Anton Tchekhov, adaptée par l’auteur Guillaume Corbeil. La metteuse en scène actualise l’un des enjeux les plus porteurs de la pièce, celui du choc des générations. L’affirmation des un·es rencontre la peur de la disparition des autres.